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ESPERAL N°15 : Janvier, Février, mars 2006 Choix de matériaux en auto-construction par Bertrand B |
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Nous avons tous besoin d'un nid pour grandir et d'une maison pour vivre. Le logement est donc au cœur de nos rêves. Comme beaucoup d'autres bricoleurs, j'ai construit ma maison moi-même pour des raisons économiques, pour ne pas me faire arnaquer, et pour avoir une maison en matériaux naturels et économiques à l'usage. Je souhaitais également une grande maison sur un grand terrain pour y réaliser un jour un lieu de vie ou de jeux pour des enfants. Sachant que plus de 60 % du prix d'une maison concerne la main-d'œuvre et le bénéfice de l'entrepreneur, j'étais décidé à tout faire moi-même. Je venais de revendre un appartement qui m'avait permis de m'initier à la rénovation pendant 5 ans. J'ai choisi d'arrêter de travailler pendant 2 ans et de réaliser ce projet avec mon petit capital. Par défi, je me suis promis qu'aucun professionnel ne mettrait le nez dans mon chantier. Il était également hors de question de prendre un centime de crédit. N'ayant pas de famille à charge, je n'engageais que moi-même dans cette aventure assez " galère " Comme, il convient aussi de s'intégrer humainement là où l'on vit, pendant la construction, je me suis impliqué dans de nombreux lieux et associations liés à l'enfance et j'ai rencontré beaucoup de gens devenus des amis, avec des moments forts comme 5 années de camps ACE avec de nombreux animateurs " perlin/fripounets " avec lesquels ce fut un bonheur de partager les jeux, les fous-rires et l'affection des enfants. Un grand bonjour à tous. En fait, je voudrais profiter de ce témoignage pour parler de l'habitation bio. La première crise du pétrole a provoqué un engouement pour les énergies naturelles et a vu la création de lotissements et de maisons individuelles utilisant le solaire, les éoliennes, la géothermie, et d'autres techniques moins connues mais aujourd'hui au point. La nature, le soleil, l'eau, la terre, nous donnent les matériaux et l'énergie. Sous nos latitudes, nous avons les moyens techniques de réaliser des maisons saines qui ne consomment rien. Cependant, les mentalités, les choix économiques, le nucléaire, l'empire du ciment… ont arrêté cet élan. Aujourd'hui, le bio reste marginal. Le bâtiment de masse ne connaît que le parpaing et le ciment. Nous vivons dans des coques hermétiques, coupées de la terre, génératrice d'air vicié et d'humidité. La vmc est obligatoire pour renouveler l'air et la climatisation se répand partout. le chauffage est souvent électrique et ruineux . Pourtant le choix est multiple dans le domaine du bio : maison en torchis, en bois, en canosmose, en paille, en pisé, en bois cordés, en terre cuite isolante… Et les modes de chauffage ou de préchauffage naturel sont nombreux. Sans aborder les techniques sophistiquées et coûteuses, lors de la construction ou de l'agrandissement de votre maison, des solutions simples et bon marché sont à la porté de tous. - Une simple tranchée permet de créer un puit canadien, véritable air conditionné naturel et gratuit. (Prélevé dans le jardin, l'air passe dans un tuyau pvc ou une gaine, à 1m50 de profondeur sur 30 mètres linéaires, il est pulsé avec un petit extracteur de sanitaire (à 15 € !) dans la maison, rafraîchissant la maison en été et la préchauffant en hiver, tout en renouvelant l'air.(A cette profondeur, le sol est toujours à 10°c). Faites les tranchées d'adductions d'eau un peu plus profonde, et profitez en pour passer vos tuyaux… -Les maisons sont souvent orientées en dépit du bon sens, suivant bêtement le tracé des rues, alors que le simple fait de mettre un espace tampon au nord (garage, cellier) et d'utiliser l'effet de serre au sud, diminue considérablement les dépenses de chauffage. Toutes les pièces n'ont pas besoin d'être à la même température. -Le solaire passif, c'est entre autre, l'art d'utiliser l'inclinaison du soleil pour le laisser chauffer les baies vitrées l'hiver et non l'été (débord de toiture important) C'est utiliser les murs comme capteur de la chaleur pour qu'il la restitue la nuit. Un mur trombe bien étudié, c'est de la chaleur gratuite en hiver. (Prés de Grenoble, à 1000 m d'altitude, une maison de 300 m3 est chauffée à 50 % par 25 m2 de murs trombes simples. Coût à l'usage : 0 centime. Inusable. - L'eau pluviale peut être récupérée facilement pour les sanitaires et le nettoyage. Le surcoût lié au bio est du à la marginalité des produits impliquant un coût de fabrication plus élevé et à une main d'œuvre avertie et rare. Il y a aussi beaucoup de doux rêveurs et des gens loufoques dans ce domaine. J'en ai rencontré. Alors Prudence, il y a tout autant de filous que dans le traditionnel. A mon avis, l'habitation bio concerne le bon bricoleur qui se sent une âme d'auto constructeur. Il saura trouver l'information à travers les revues spécialisées, et de nombreux site sur internet. Concernant les matériaux, certaines briques isolantes de terre cuites sont calibrées. Une fois la première rangée parfaitement plane, elles s'emboîtent comme un lego et vous avez une maison respirante et rapidement construite, avec peu de colle, sans temps perdu de séchage. Un enduit extérieur et un plâtre intérieur et c'est tout. Avec une ossature bois remplis de ballots de paille bien serrés, vous construisez une maison pour une bouchée de pain (environ 1500€ de paille) et vous l'a chauffez avec un seul radiateur (isolation fantastique) J' ai rencontré un auto-constructeur qui a monté une colonne de brique bio, isolante (G19) en encadrement de chaque porte et fenêtre ainsi qu'aux 4 coins et il a rempli les vides de ballots de pailles taloché de chaux. (La chaux est basique et décourage les rongeurs). D'autres utilisent la terre de leur jardin pour des murs en torchis protégé par un débordement de toiture important. Les maisons tout en bois sont aussi très agréables à vivre, Le bois est parfaitement isolant et il n'y a aucun pont thermique du fait de l'absence de chaînage béton.. Cela chauffe vraiment très vite. (On ne chauffe que l'air : Idéal pour une maison utilisée irrégulièrement, et les chalets de montagne). C'est une question de choix et de mode de vie. Personnellement j'ai choisi une maison à inertie qui correspond à l'usage que j'en fais. Les murs se chargent de chaleurs lentement et la restitue la nuit . Question inertie, L'opposé de la maison en paille ou en bois serait la maison troglodyte ; vous devez chauffer la montagne avant qu'elle ne vous restitue sa chaleur. C'est long et coûteux ! . Une fois que la roche est à température, il suffit de très peu d'énergie pour garder la douce chaleur. Et pendant la canicule, c'est encore mieux qu'une église. Ma maison et à ossature bois et torchis de chaux. L'ossature est noyée dans un torchis composé de chanvre, de chaux aérienne. De plâtre gros et de briques pillées, malaxé dans une sorte de pétrin et damé dans des banchages entourant l'ossature. Une fois re-mélanger à l'eau et séché (carbonatation), la chaux aérienne naturelle redevient du calcaire pur et le plâtre gros du gypse pur. Avec le chanvre (seul végétal contenant de la silice) et la terre cuite pilée (favorise la prise de la chaux), ce mélange (mur de 30 cm) est naturel comme une roche tendre. Il est monolithique, isolant, respirant, et accumulateur de chaleur.. A l'intérieur, un simple lait de chaux et à l'extérieur un enduit de chaux finalisent le mur (Le prix de revient du matériau est égal au parpaing avec isolation et finition). La chape est faite du même mélange additionné de sable, sur un lit de cailloux drainés. Aucune coupure de capillarité n'est nécessaire pour un matériau respirant. (Dans les maisons anciennes en chaux, l'eau monte dans les murs jusqu'à 4 mètres de hauteur et s'évapore naturellement.) Depuis 10 ans je n'ai jamais connu de désordres. Le mur de refend (30 cm), les cloisons intérieures de 10 à 14 cm sont faite des même matériaux. Et la cheminé est une colonne de briques qui accumule également de la chaleur. En hiver, le foyer s'éteint souvent la nuit. Et je ne le rallume que le lendemain soir en rentrant du travail. La maison est encore à 15 degrés alors qu'il gèle dehors. Pour info, la sensation de bien-être est équivalente avec de l'air à 22 °C et des parois à 16°C ou avec de l'air à 16°C et des parois à 22°C. Ceci explique l'intérêt économique d'une maison à forte inertie. Je chauffe au bois avec 7 à 8 stères par an, à savoir environ 250 euros pour 100 m2 au sol + combles aménagés. J'ai 6 kw au compteur et cela suffit amplement. Sachant que à part l'espace tampon, je n'ai utilisé aucune des autres techniques et astuces bio cités plus hauts, le résultat est prometteur. Celui qui cumulerait ces techniques (espace tampon, véranda, puits canadien, mur trombe, capteurs solaire, etc.) aurait bien-sur de bien meilleurs résultats. Hormis les économies réalisées, vivre dans une maison en matériaux naturels apporte un confort et un bien-être sans égal. Il est dommage que nous soyons dans une société basées sur la consommation qui ne rime absolument pas avec économie et autonomie totale du citoyen. La France fabrique des parpaings et du courant. Il faut vendre tout cela, Tous les discours sur les soi-disant économies ne sont pas très réalistes et actions me semble bien frileuses. Bon printemps à tous. Bertrand. |
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